L'humanité et l'énergie
L’espèce humaine est composée d’êtres vivants dont le corps biologique se transforme à chaque instant. Les humains ont besoin d’un apport régulier en énergie pour entretenir ces transformations, pour se maintenir en vie. Le lien entre l’humanité et l’énergie ne peut être rompu, il conditionne son existence. Les sociétés humaines, en particulier les sociétés thermo-industrielles, génèrent elles aussi en permanence des transformations, elles ont également besoin d’un apport régulier en énergie pour rester organisées. Humains et sociétés humaines constituent des structures dissipatives : le maintien de leur existence dépend de la dissipation d’un flux d’énergie – d’un flux organisateur – suffisamment important et stable.
La matière organique permet au moins deux types de réactions susceptibles d’engendrer des transformations utiles à l’humanité : réaction chimique et réaction exothermique (une réaction chimique qui libère de l’énergie et dégage de la chaleur par combustion). C’est parce que l’humain consomme de la matière organique comestible (tout ce dont l’humain peut se nourrir), qu’il maintient ses fonctions métaboliques, par dégradation chimique des molécules complexes contenues en particulier dans les glucides, les lipides et les protides. La dépendance existentielle de l’humanité à l’alimentation est totale. Pour exister, l’humanité doit puiser dans la matière organique, qui constitue sa seule source d’énergie vitale.
Sources
SOURCE, subst. fém.
(…)
2. Locutions
(…)
b) Loc. verb. fig. Verbe + de source.[Pour indiquer que qqc. se produit de manière naturelle, aisée, est spontané, va de soi]
(…)
b) SC. DE LA TERRE. [Le compl. de n. désigne une substance exploitable] Nappe ou point d’émergence d’une substance fluide exploitable. Des sources de gaz hydrogène carboné accompagnent ordinairement celles de pétrole liquide (Haton de La Goupillière,Exploitation mines, 1905, p. 247).
II. − Origine.
A. − Origine (de quelque chose de concret).
1.
a) Origine d’un produit.
(…)
2.
a) Origine d’un phénomène physique, d’une énergie. Source auxiliaire (d’éclairage), éclairante, électrique, lumineuse; source de bruit, de courant, d’électricité; source de sons; rayon, rayonnement, lumière émis(e) par une source.
Définition CNRTL (seule la définition la plus générale de “source” est retenue, non la définition dérivée de son usage dans les sciences économiques ou dans l’industrie)
La matière organique (MO) est la matière fabriquée par les êtres vivants (végétaux, animaux, champignons et autres décomposeurs dont micro-organismes).
WikipédiaEn plus de son alimentation, l’humanité a développé des capacités à puiser de l’énergie directement dans la matière organique se présentant sous la forme de biomasse combustible (bois, charbon de bois, tourbe, graisses ou huiles d’origine animale ou végétale, etc.) et/ou d’hydrocarbures combustibles (charbon, pétrole, gaz). Grâce à la réaction exothermique due à la combustion de la biomasse et des hydrocarbures, elle obtient des services complémentaires à ceux fournis par la seule alimentation : chaleur pour lutter contre le froid, pour cuire les aliments, pour fondre des métaux et fabriquer des outils ou des machines, etc. Toutefois, l’existence de l’humanité, en tant qu’espèce, n’est pas strictement dépendante de la combustion de la matière organique sous forme de biomasse ou d’hydrocarbures. L’humanité peut puiser ou ne pas puiser dans ces formes d’énergie, celles-ci constituent donc des sources d’énergie auxiliaire.
Sources
AUXILIAIRE, adj. et subst.
I.− Emploi adj. Qui aide, qui apporte son concours direct ou indirect, d’une manière temporaire ou permanente.
Au cours de son évolution, l’humanité a également acquis la capacité à exploiter l’énergie contenue dans le vent, dans le rayonnement solaire, dans les atomes, dans l’énergie cinétique de l’eau, dans la chaleur souterraine (géothermie), etc. Elle n’est toutefois pas apte à puiser directement (par sa seule force de travail) dans ces formes d’énergie pour obtenir des services. Ces formes d’énergie doivent être au préalable extraites du milieu et converties en énergie utile (aujourd’hui le plus souvent en électricité) au moyen d’infrastructures dédiées : éoliennes, panneaux photovoltaïques, centrales nucléaires, barrages hydroélectriques, centrales géothermiques, etc. En l’état des connaissances et des expérimentations, ces infrastructures ne peuvent pas être construites à partir de l’énergie qu’elles convertissent, elles ne le peuvent que grâce aux transformations autorisées par l’ensemble des sources d’énergie de l’humanité (alimentation, biomasse, hydrocarbures). Les formes d‘énergie contenues dans le vent, le rayonnement solaire, les atomes, la force de l’eau, le sous-sol, etc., dont l’exploitation implique des étapes et des infrastructures spécifiques d’extraction et de conversion, ne sont pas assimilables à des sources, bien qu’elles rendent des services. Elles constituent des énergies auxiliaires.
Sources
Matthieu Auzanneau, Or noir. La grande histoire du pétrole, La Découverte, Paris, 2015.
Alain Beltran, Avec Patrice Carré, La vie électrique. Histoire et imaginaire XVIII-XXIè siècle, Editions Belin, Paris, 2016.
Julian Carrey, Sans pétrole et sans charbon, Réflexions sur l’avenir technique de l’humanité, ouvrages accessibles en ligne : https://sans-petrole-et-sans-charbon.fr/sans-charbon-et-sans-petrole-le-livre/
Victor Court, L’emballement du monde: Énergie et domination dans l’histoire des sociétés humaines, Éditions Écosociété, Montréal, 2022.
Jean-Baptiste Fressoz, Sans transition. Une nouvelle histoire de l’énergie, Seuil, Paris, 2024.
Stephen G. Gross, Andrew Needham, New Energies. A History of Energy Transitions in Europe and North America, University of Pittsburgh Press, 2023.
François Jarrige, Alexis Vrignon, Face à la puissance. Une histoire des énergies alternatives à l’âge industriel, La Découverte, Paris, 2020.