Aucune transition, nulle part

Dans son livre Sans Transition, l’historien Jean-Baptiste Fressoz rappelle que « Si l’on prend en compte le charbon incorporé dans les importations, la Grande-Bretagne consommerait 90 millions de tonnes (en 2016) – au lieu des 9 millions officiellement brûlées –, presque autant qu’à la veille de l’assaut de Margaret Thatcher contre les mineurs britanniques. De même, la France consomme non pas 6 millions de tonnes de charbon par an mais plutôt 70 millions, une quantité proche de son maximum d’extraction des années 1960. Quelle que soit la précision de ces chiffres, le point qui importe est que, dans un monde globalisé, la décarbonation d’une économie nationale est un phénomène difficile à mesurer (…)

Une transition sans frontière

Si l’économie intérieure de l’Australie reste appuyée sur des industries hautement carbonées, l’inscription de cette économie au cœur de marchés internationaux, eux aussi fortement émetteurs de CO2, fait plus encore relativiser le bilan écologique de la transition en Australie-Méridionale.
Le 3 novembre 2023, sur le site web du gouvernement d’Australie-Méridionale, on se félicitait du succès de l’économie de l’État, en particulier de ses exportations :

« Pour le deuxième mois consécutif, l’Australie-Méridionale est en tête du pays en termes de croissance des exportations. » Il était précisé : « Les principaux marchés asiatiques ont été à l’origine de la croissance la plus élevée du pays ».

Illusion de transition en Australie-Méridionale

L’intitulé du rapport 2023 du programme pour l’environnement de l’ONU est clair : « Record battu : Les températures atteignent de nouveaux sommets, mais le monde ne réduit (toujours) pas ses émissions ». L’agence internationale de l’énergie confirme quant à elle que les émissions totales de CO₂ liées à l’énergie ont augmenté de 1,1 % en 2023. La transition énergétique peine à faire ses preuves. Les énergies semblent encore s’additionner à l’échelle mondiale, un « renforcement synergique des énergies » serait même à craindre.

Depuis quelques années pourtant, des « dynamiques locales » semblent ne plus suivre le mouvement historique.