Observatoire de la transition
Les promoteurs de la transition énergétique sont toujours plus catégoriques, le déploiement des énergies dites de substitution (ENS : principalement énergie éolienne, photovoltaïque et nucléaire) obtient les résultats attendus : moins d’émissions de CO₂, une plus grande souveraineté pour les pays qui “décarbonent”, une meilleure santé économique. Le succès de la transition ne paraît toutefois pas encore démontré, et le plus souvent argumenté à partir d’une sélection de paramètres qui décrivent trop partiellement la réalité pour suffire à cette démonstration (cherry picking).
Cet observatoire de la transition présente une vision générale des principaux indicateurs de réussite d’une décarbonation industrielle, sur les critères écologiques, politiques et économiques (précisions dans l’article : Transition énergétique : le verdict). Cette vision globale permet de tenir compte des interdépendances entre les pays, afin que l’évaluation de la décarbonation ne dissimule pas un résultat local qui s’appuierait sur l’exploitation d’hydrocarbures par ailleurs, réactualisant potentiellement des rapports de domination que les pays les plus riches ne devraient pas prolonger, même au titre de l’écologie.
Les graphiques sont intégrés depuis le site Our World In Data, ils sont actualisés automatiquement avec les dernières données disponibles sur ce site, qui compte parmi les plus à jour, complets et détaillés. Certaines données présentent pourtant un retard, de quelques mois à quelques années. Ce décalage invite à relativiser les annonces en temps réel, appuyées sur des données trop partielles ou dont le traitement prend du temps. Jusqu’à présent, les déclarations de validation de la décarbonation ont toutes été réfutées, après coup, par les observations globales.
La méthodologie utilisée par le site Our World In Data ne distingue pas les sources d’énergie et les énergies auxiliaires. Précisions au sujet de l’importance de cette distinction sur la page L’humanité et l’énergie.
⚠️ Une évolution des tendances qui indiquerait une réussite de la transition énergétique sera immédiatement signalée sur le site Défi énergie ⚠️
❌ = transition encore en échec
❓ = incertitude
✅ = succès partiel, à concurrence des autres indicateurs
Écologie : une transition énergétique pour réduire l’empreinte environnementale
❌ Concentration globale de CO2 atmosphérique : les émissions devraient baisser ↘️, le taux de CO₂ atmosphérique se stabiliser et ensuite baisser ➡️↘️
❌ Anomalie de température atmosphérique : la température moyenne devrait se stabiliser avant de baisser ➡️↘️
❌ Production mondiale d’électricité : le déploiement des ENS devrait se prolonger ↗️ et empêcher l’exploitation des énergies fossiles ↘️
Les études sur des “dynamiques locales de transition” devraient montrer qu’une réduction de l’exploitation des énergies fossiles n’est pas consécutive à la réduction de leur disponibilité physique, ou à des coûts d’exploitation devenus prohibitifs. Elles devraient également indiquer comment les décarbonations locales empêchent la consommation par ailleurs des hydrocarbures inexploités localement.
Politique et géopolitique : une transition pour la stabilité intérieure et la souveraineté
❌ Part du commerce dans le PIB et solde extérieur (balance commerciale) des pays : une souveraineté énergétique décarbonée devrait être en mesure de rompre les liens de dépendance et d’influence avec le reste du monde encore carboné, ou l’entraîner dans la décarbonation ↘️
La part du commerce dans le PIB et la balance commerciale sont des indicateurs de dépendance de chaque pays à la mondialisation économique, encore carbonée à 80%. Cette dépendance doit obliger à intégrer, dans toute évaluation d’une “dynamique locale de transition”, à quel point elle reste liée au reste du monde, par ses importations et ses exportations. Par exemple, pour la France et selon The Shift Project, au moins 70% de toute l’énergie à laquelle l’économie du pays est “exposée” “provient d’énergies fossiles, importées directement ou indirectement (énergie grise)”. “Au moins”, parce que la méthodologie de cette étude ne tient compte que d’une fraction de l’énergie consommée par les pays desquels proviennent les importations, ou les capitaux en échange d’exportations. Or, les “fractions de pays”, ça n’existe pas. Il y a donc sélection arbitraire des données, ce qui ne donne pas une vision fidèle de la réalité (The Shift Project, Chiffres clés de l’énergie).
Pour aller plus loin : Le climat est plus que la somme des transitions.
Les données de ces graphiques s’arrêtent en 2023.
Économie : une transition pour la stabilité économique
❓ Dette : cet indicateur devrait être stable ou en baisse ➡️↘️
La substitution des énergies devant prétendument rendre des services équivalents aux énergies fossiles, elle devrait engendrer un “effet d’entraînement” industriel et économique comparable à celui engendré par le charbon, le pétrole et le gaz au début de leur exploitation. L’autonomie des ENS et la grande quantité d’énergie disponible dans le vent, le rayonnement solaire et les atomes radioactifs devraient naturellement soutenir l’économie, réduire le besoin d’endettement, à la faveur d’une moindre pression sur les entreprises et les salariés, ainsi que d’un financement facilité des services publics.
Les données de ce graphique s’arrêtent en 2022.
Autres sources pour suivre l’évolution de la dette publique et de la dette totale des marchés :

La dette publique en hausse à 88,7% du PIB dans la zone euro – Eurostat, 22 octobre 2024

États-Unis : dette publique entre 2001 et 2023, avec des prévisions jusqu’en 2029 – Statista, 26 février 2025.

La dette mondiale atteinte un nouveau record – Statista, 7 mai 2025.
Voir également : Les principaux indicateurs de conjoncture économique – economie.gouv.fr
❌ Taux de croissance du PIB par pays : cet indicateur devrait être stable ou en hausse ➡️↗️
Pour des données plus détaillées sur la baisse tendancielle des taux de croissance du PIB, voir l’article : La croissance : arbitre de la transition.
❌ Consommation d’énergie primaire : les ENS devraient fournir de plus en plus d’énergie ↗️ et empêcher la consommation d’énergies fossiles ↘️
Les études sur les “dynamiques locales de transition” devraient non seulement intégrer la totalité des émissions des pays avec lesquels ces localités “décarbonées” échangent (voir plus haut : commerce extérieur et balance commerciale), mais aussi montrer comment celles-ci réduisent les émissions à l’échelle mondiale, sans quoi il ne pourra pas être écarté que ces transitions n’ont aucune influence sur les émissions globales de CO₂, ou qu’elles y contribuent même éventuellement (voir l’hypothèse du renforcement synergique des énergies).
⚠️ Ces deux derniers graphiques font craindre une perspective qui ne plaide pas en faveur d’une réussite de la transition énergétique : depuis de nombreuses années déjà, plus l’humanité consomme d’énergie, toutes formes confondues, plus les taux de croissance économique baissent, tendanciellement. Si un découplage existe entre consommation d’énergie et économie, il est exactement inverse à celui attendu pour une croissance qui réduirait l’empreinte écologique des sociétés thermo-industrielles. Pour aller plus loin, article : La croissance, arbitre de la transition.